1994

Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci.
La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite.
Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente.
Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr.
En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ».

https://www.lemonde.fr/archives/article/1994/08/26/musiques-jazz-a-mulhouse-l-ete-indien-en-alsace_3819851_1819218.html

MUSIQUES JAZZ A MULHOUSE L’été indien en Alsace

Dernier grand festival de jazz de l’été, celui de Mulhouse _ qui s’étend aux communes avoisinantes _ pour être plus modeste que ceux qui se déroulent dans le sud de la France n’en est pas moins l’un des plus novateurs. Saxophoniste et clarinettiste, Louis Sclavis explique dans un entretien la place tenue par les festivals dans le monde du jazz.

Le Monde Publié le 26 août 1994

Question de fond pour le jazz, plus que jamais, celle de l’improvisation : le statut de l’improvisation, son mode même (Wynton Marsalis ne développe absolument pas la même pratique de l’improvisation que Michel Portal), la dynamique de pensée qui régit implicitement les programmes. On va finir par regretter le temps où il n’était même pas besoin de le préciser. De l’improvisation, le jazz classique ne donne plus qu’une image immédiate. Pour qui voudrait la réfléchir, elle se réduit le plus souvent à sa plus simple expression, décorative et ornementaliste. La pensée fuit comme un panier percé. Temps sans repères, époque encombrée de paternels, temps où Thelonious Monk va finir par être sympathiquement réduit au rôle d' » original « . C’est ce qui rend l’agitation d’Uzeste Musical irremplaçable (le Monde daté du 20 août). Discutable, irritante, désordonnée, alternant des manifestations bloquées et d’incontestables réussites, vivante, exposée, toujours sur la brèche en matière d’autocritique ou de réflexion _ mais irremplaçable. Rétrospectivement, le reste a des airs de tourisme familial, de promotion municipale ou d’entreprenante petite affaire de légitimation culturelle.

Le reste ? Oui et non. Nombre de festivals ont leurs façons, leurs méthodes, leur personnalité et leur style : Mulhouse, bientôt, avec sa curiosité personnelle (c’est un festival curieux, un festival de curieux), Mulhouse, dans sa modestie que protège l’éloignement des grandes dates de l’été et des plages. Mulhouse n’en démord pas. Son festival est parmi les plus novateurs. Musiciens atypiques, irréguliers, peu connus, venus de contrées que l’on ignore, célébrités fidèles à une éthique, douceur de l’été indien à l’alsacienne, Mulhouse a un charme indiscret de fin de saison prometteuse.

On peut dresser la liste de ses découvertes et de ses confirmations. Fondu enchaîné : Louis Sclavis qui vient de clôturer Uzeste Musical dans la tourmente d’un collectif typiquement uzestois, Louis Sclavis qui a présenté à Uzeste son Acoustic Quartet codirigé par Dominique Pifarély, se présente à Mulhouse en trio (Bruno Chevillon, basse, François Nerville, batterie), puis en tête à tête avec Willem Breuker.

Le Monde