
Dès le milieu des années 40, disciple de Bach et de Charlie Parker, le pianiste et compositeur Lennie Tristano allait devenir un enseignant influent (principaux prosélytes : Lee Konitz, Warne Marsh, Sal Mosca, Billy Bauer…) dont les conceptions qui allient rigueur et spontanéité en feront malgré lui l’un des précurseurs de l’improvisation libre. C’est à l’art du pianiste, du compositeur et du théoricien que le sextette sans batterie codirigé par Stephan Oliva et François Raulin - un groupe aux allures de all-stars - a choisi de rendre hommage. Une révérence qui démontre à merveille la modernité intemporelle du rhétoricien de Brooklyn, tant à travers la relecture (brute ou modulée) de ses compositions les plus fameuses et des standards du jazz qu’il avait repeints à neuf (Requiem, 317 East 32nd, Avant April…) que dans les pièces originales (signées de l’un ou l’autre des deux coleaders) inspirées par la fraîcheur limpide de ses timbres et l’espiègle sinuosité de ses lignes. Le coup de maître est d’avoir réussi à concilier l’esprit prospectivement spontanéiste du maëlstrom tristanien avec le vocabulaire contemporain volontiers expérimental de solistes qui n’en finissent d’ouvrir les brèches et de dévoiler de nouveaux horizons.
