
Il faudrait mettre un panneau à l’entrée des concerts des Diaboliques. Quelque chose comme « Attention musique vivante ! La direction décline toute responsabilité. » Ces trois dames ont inventé la musique improvisée européenne dans l’effervescence des années 70 alors autant dire qu’elles connaissent leur sujet. Tout peut arriver car même si elles ne se font plus d’illusions sur cette improvisation soit-disant libre, elles jouent réellement. Chacune reste elle-même, mais peut à loisir aller chercher l’autre sur son propre terrain (le jazz d’Irène, le contemporain de Joëlle, la folk décalée de Maggie). Alors on assiste à une déferlante totalement décomplexée de collisions musicales et de mélanges improbables ou en héritières de l’âge d’or des performances et du théâtre musical, elles ne rechignent pas à faire de leurs concerts de véritables spectacles. Elles s’amusent de leurs citations, de leurs dérapages, de leurs échecs autant que de leurs réussites. La musique des Diaboliques est excessive, luxuriante, volubile. C’est de la musique bien sûr, mais la musique, c’est de la vie (aurait dit Joëlle Léandre) et leurs vies à elles sont probablement comme ça, un peu folles, un peu décalées mais tellement réjouissantes.
