12h30, Salle de la Fraternité – THIBAULT FLORENT SO-LO-LO

Basa-basi, en langue indonésienne, désigne amabilités, palabres et petits échanges du quotidien. Loin des palais, processions et cérémonies, Thibault Florent fantasme une musique du quotidien, ensorcelante et profane, un artisanat solitaire et non moins spirituel. Un geste, un son. On se frottera les yeux devant ce gars seul au timbre d’orchestre, occupé des pieds à la tête, tricotant la douze-cordes dans la longue résonance de gongs DIY. Ou bien on les fermera, les yeux, pour se laisser prendre par l’espace sonore d’une densité inégalée, oscillant entre sereines ondes et soudaines lames de fond.

Ces rendez-vous de la mi-journée sont en entrée libre (dans la limite des places disponibles). Avant, après et entre les deux concerts, l’équipe de Météo vous propose vin, softs et mauricettes dans le petit jardin à l’extérieur de la salle de la Fraternité.

12h30, Salle de la Fraternité – BEN LAMAR GAY SOLO

Né en 1978 au cœur du South Side de Chicago, membre de l’AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians) le cornettiste Ben Lamar Gay créé depuis plus de vingt ans une bande son imaginaire aux lisières du post-rock et de l’avant-jazz. Au chant, aux claviers, aux flûtes, il raconte des histoires sonores qui embrassent samba, free, folk, blues, hip-hop, électro, investit friches, quartiers ou musées d’art contemporain pour autant d’aventures hors-limites et improvisées. Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, on avait très envie de lui proposer de se produire en solo, libre à lui de proposer une bande son éphémère et forcément lunaire !

Ces rendez-vous de la mi-journée sont gratuits (dans la limite des places disponibles). Avant, après et entre les deux concerts, l’équipe de Météo vous propose vin, softs et mauricettes dans le petit jardin à l’extérieur de la salle de la Fraternité.

17h30, Le Séchoir – TRIO L’IMPOLIE

Les musicien·nes du trio L’Impolie partagent un goût commun pour l’improvisation et quelques incontournables : John Zorn, Clara Ianotta, Toshio Hosokawa et aussi le quartet franco-norvégien Dans les Arbres, accueilli à Météo il y a quelques années. La combinaison de timbres de l’Impolie est relativement peu fréquente : l’idée est donc venue aux musiciens de susciter des œuvres nouvelles pour leur trio et de solliciter les compositeurs. Dans leurs concerts généralement, les musiciens de l’Impolie proposent des allers-retours entre écriture et improvisation.

Rencontrée à l’occasion de sa participation à des workshops de Météo, l’accordéoniste (d’origine mulhousienne) Julia Sinoimeri a attiré l’hiver dernier notre attention sur ce jeune trio que Météo a décidé de soutenir. En marge de ce concert, une session d’enregistrement se tiendra à Mulhouse tandis que la saxophoniste Simona Castria a été parrainé par Météo au dispositif « Initiales » du réseau AJC (Association Jazzé Croisé).

17h30, Le Séchoir – SAKINA ABDOU SOLO

C’est une musique du paradoxe : à la fois aérienne, dans ses soudaines bifurcations et diablement terrestre, plantée dans la raucité des anches.

C’est la simplicité qui saute immédiatement aux oreilles avec ce premier solo. Lorsqu’il s’ouvre avec « The Day I Became a Floor », on peut tout suite comprendre qu’il ne s’agira pas de rouler de virtuoses mécaniques ou de subir des envolées vengeresses. Si mécanique il y a, c’est celle, subtile, des tampons et du métal du saxophone qu’Abdou travaille comme une matière première, non sans opiniâtreté. Très vite, la musicienne se libère de la forme, la fait totalement sienne pour jouer une partition très personnelle, sans aucun faux-semblant. On raconte souvent que le solo est une quête, une catharsis. Sakina Abdou n’échappe pas à cela, mais elle, elle ne sombre ni dans la colère, ni dans le pathos. Elle joue ce qu’elle doit jouer, simplement, captant une musique de l’instant avec un sens particulièrement aigu de la construction.

21h, Motoco – BONBON FLAMME

Le violoncelliste Valentin Ceccaldi réunit un équipage taillé pour des croisières toutes en astres et en boréals : Fulco Ottervanger, flamand d’intrépidité qui s’extasie autant aux claviers qu’il jouit de pop extatique ; Luis Lopes, qui n’a pas moins Lisbonne dans les veines qu’il rugit et transsude le blues ; et enfin Étienne Ziemniak, impétrant flexivore qui mange de la pulse à chaque repas, et même un peu avant aussi. Se convoque donc ici une rencontre pour provoquer des arcs-en-ciel en Grand Boum, et mettre au cœur de la scène l’expressivité musicale et corporelle de quatre artistes au grand cœur. Le terrain d’aventure qu’ils se sont donné aura certainement pour point de départ ce quelque chose d’un jazz qu’on brûle par les deux bouts pour voir si le résultat renifle plutôt l’odeur de la betterave qu’on distille, ou celle d’une pomme d’amour qui fond au soleil. Avec ces petits airs de rien du tout qui vous dynamitent la grisaille et vous font fleurir les braises au milieu du palais des glaces. En douceur, et en pimenté. 

22h30, Motoco – EAT DRINK MAN WOMAN

C’est la création d’un nouveau métal ardent que provoque l’alliance totale de ces deux monsters de la scène xp-ambigüe suisse que sont Julie Semoroz et Joke Lanz ! Ça crisse ça chuinte ça clame et ça peut endommager vos enceintes avec le sourire. Deux personnes sont assises à une table. Personne ne sait si elles se connaissent ou pas. Elles mangent et boivent en silence mais leurs cerveaux sont en ébullition. Elles communiquent par le bais d’une matière noise et de poésie sonore expérimentale. Pile ou face, chaque concert est une surprise. Joke Lanz est né en 1965 à Bâle ; il vit aujourd’hui à Berlin. C’est un pionnier de la scène indépendante électronique, un touche-à-tout qui passe de la musique improvisée à la musique expérimentale, entre noise et turntablism, entre performances et musique concrète. En plus de musique pour le cinéma et le théâtre, de son travail radiophonique, de ses installations et de ses objets, on trouve deux constantes dans son œuvre : d’une part son travail de turntablist où il mixe platines et galettes de vinyl et d’autre part son projet d’action « Sudden infant » qui en 2014, après avoir été durant 25 ans un projet pour soliste, est devenu un projet pour trio. Il a bien sûr été invité à plusieurs reprises à Météo, notamment au sein d’un trio avec la pianiste Sophie Agnel et Michael Vatcher. Julie Semoroz est une artiste sonore qu’on a entendu à Météo en 2021 avec le projet Boxing Noise et aux côtés de la musicienne Emma Souharce.

Minuit, Motoco – THE DWARFS OF EAST AGOUZA

A partir d’Agouza, leur quartier et QG du Caire, l’Américain Alan Bishop (Sun City Girls et du label Sublime Frequencies) et ses complices égyptiens Sam Shalabi (Land of Kush) et Maurice Louca (Alif, Elephantine) ont créé il y a dix ans ce trio totalement singulier. Nos illustres chercheurs d’insondées sonorités nouent des connexions entre les musiques arabes modale et l’improvisation la plus radicale, accouchant d’objets sonores aux formes résolument hors norme. Un arabo-futurisme qui conjure la réalité et remet en jeu et perspectives les dogmes de l’ethnocentrisme.